tu connais l'Aveyron ? (surface)

La clé des champs, N'to

Anna Valenn, Le Blog
- Merde. On fait comment ?

- Comme toutes les annonces de décès. Rapidement et clairement. 

Lorsqu'elle vit les mines ennuyées de ses effectifs, Noémie comprit qu'elle allait avoir la charge  d'annoncer la mauvaise nouvelle. Il lui revenait à elle de faire exploser une famille. Elle s'autorisa donc un café et repoussa de dix minutes les cris et les larmes. Elle avait, des années auparavant, croisé le chemin d'un flic qui lui avait offert un cadeau. Une simple phrase. "C'est pas tes proches, c'est pas ta peine." Mais malheureusement, la réalité n'est jamais aussi simple qu'un dicton.  - 

Surface, Olivier Norek aux Éditions Michel Lafon. L'auteur est flic à la PJ du 93, en disponibilité. Ses précédents romans : Code 93, Territoires, Surtensions, et Entre deux mondes billets Anna Valenn, Le Blog ICI    - La Capitaine Noémie Chastain s'est fait massacrer le visage par un 
« C'est pas tes proches, 
c'est pas ta peine. »
trafiquant de drogue lors de son arrestation ; son adjoint et petit ami la quitte, ses chefs ne veulent pas d'une gueule cassée, l'envoient en mission d'un mois  pour pondre un rapport de fermeture de commissariat de campagne pour insuffisance d'activité. Mais voilà qu'à la fin de ce doux mois, remontent à la surface des "cold cases" engloutis.

Un polar rural, et chaleureux, et comme toujours chez Norek, c'est personnel, beaucoup de vécu et bien documenté. 


Ici, ce sera parfait, jugea l'étranger.

- C'est pas bien malin, jugea à son tour le grand-père.

Sans faire cas de l'avertissement, le passager vérifia le poignard accroché à son mollet, enfila son masque de plongée, puis le sac à dos une épaule après l'autre, en serra les sangles, remplit ses poumons au maximum et se laissa  basculer en arrière. Le plus violent est l'entrée dans l'eau, dans un nouvel élément, passer de l'air au liquide. Le reste n'est qu'une danse. Les gestes ralentis par la densité, l'apesanteur d'un vol aquatique. Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien peser, comme un rêve de liberté absolue. Le poids du sac l'entraîna au fond. Il tendit les jambes, croisa les bras sur son torse, et se laissa couler doucement, tête la première, sans jamais chercher à accélérer sa course. En concentration maximale, il pouvait même entendre le bruit de son coeur résonnant dans tout son corps. Le rythme hypnotisant de sa propremécanique l'accompagna jusqu'à ce qu'il sente sous ses doigts la terre mélangée de sable. Il contrôla le profondimètre à son poignet et en mémorisa les informations. Il ouvrit ensuite son sac à dos et en retira une à une les six grosses pierres qui l'avaient lesté jusque-là.

Autour de la barque, les eaux du lac étaient étales. Puis quelques bulles éclatèrent à la surface, annonciatrices d'une activité sous-marine. Massey remonta de sa longue apnée et le grand-père souffla enfin.