seule la nuit tombe dans ses bras


Anna Valenn, Le Blog
Out of Time, Blur
Mais je ne peux pas garantir
qu'il sera publié. Mon éditeur
prend ce qu'il veut.

Ce sera un livre sur quoi ?

C'est fouuu !!!

Oui. C'est fou.

Ça fait un moment déjà que je t'en
avais parlé. Depuis le début même.

Oui, je me souviens.
Je n'avais pas du tout le projet
à ce moment-là.

Quand je disais que nos tchats
ressemblaient à des sketchs
à garder et publier.

En même temps, comme j'efface tout....

Ce livre-là, je le garderai toujours.
Ce sera un roman sur un couple virtuel ?

Oui, sur un couple virtuel.



Seule la nuit tombe dans ses bras, Philippe Annocque publié chez Quidam Éditeur - Herbert et Coline se sont rencontrés sur Facebook. Dans la vraie vie, Herbert est écrivain peu lu et professeur des écoles en banlieue parisienne, marié à Marie qu'il aime tendrement, et père de jumeaux. Coline est prof d'espagnol à Montpellier, un beau Jules pompier, une gamine Justine. Herbert et Coline tchattent, et de mots tantôt neutres tantôt doux tantôt crus en photos à poil et selfies-porno-vidéos un coup de fil par ci par là, ah l'effet de la voix, ils vivent une histoire des temps virtuels. Ultra-réaliste !




Coline et lui, pourtant, ils ne s'étaient pas
 pas. Parce qu'une rencontre sur Facebook,
 même si par la suite elle donne lieu à un 
vrai rendez-vous des corps dans un vrai
 décor, ça n'est quand même pas
 une rencontre. Ou alors peut-être que si ?
 Ils se promenaient sur Facebook Avenue
 et ils s'y sont rencontrés ? On peut 
raconter une chose pareille ? 
Retire ton haut et allonge-toi sur le lit. Non, sur le ventre. Je dégrafe ton soutien-gorge. Voilà, on l'enlève. Ecarte un peu les bras du corps. Je commence par la base de ton cou, au niveau des trapèzes. Pardon, mes mains sont un peu fraîches. Voilà, je te masse les trapèzes. C'est un peu fort mais doux en même temps. Tu sens mes mains. Tu sens qu'elles te veulent du bien, qu'elles te font du bien. Détends-toi. Tu es une pâte entre mes doigts. Mes mains s'écartent, elles enserrent maintenant l'arrondi de tes épaules. Mes paumes sur tes omoplates remontent jusqu'à ce que mes doigts enserrent tes épaules. Encore : mes paumes bien à plat contre tes omoplates qui remontent et s'écartent jusqu'à ce que mes doigts enserrent l'arrondi de tes épaules. Et encore, pour que tu le sentes, le bien que je te fais, mes paumes contre tes omoplates qui remontent et s'écartent jusqu'à ce que mes doigts enserrent l'arrondi de tes épaules. Tu sens comme ça te fait du bien ? Bien sûr le mal est là, encore, je ne peux pas vraiment te l'enlever ; mais il se tient à carreau, il ne fait plus son fier, il ronge son frein. Bien plus que lui, ce que tu sens, c'est tout le bien que je te fais, tout le bien que je te veux ; tu le sens dans la paume de mes mains qui remontent et s'écartent jusqu'à ce que mes doigts enserrent l'arrondi de tes épaules. Et maintenant me revoici à la base de ton cou, mais ce sont mes pouces que tu sens, qui massent en rond chacune de tes vertèbres, doucement, doucement ; si tu es habillée tu croirais presque que je te déboutonne ; je prends le temps qu'il faut, vertèbre par vertèbre, doucement, je ne suis encore qu'entre tes omoplates, je cherche la source du mal mais il est sournois, il est là et il n'est pas là, il me file entre les doigts, bien sûr tu le sens encore mais c'est autre chose que tu sens surtout, bien autre chose, une longue et forte et douce descente le long de ta colonne vertébrale, mes pantoufles de fourrure sur ton escalier de verre, tu es un palais où minuit ne sonne jamais, je descends encore, j'ai dépassé le milieu du dos, à mi-chemin de tes hanches rondes je trace avec mes pouces ma route chaude et douce, je descends encore, juste pour le plaisir, car le chemin m'amène à la raie de tes fesses, c'est là que je dépose juste un baiser discret, car enfin tu es assez détendue pour rattraper ta nuit perdue. Dors bien ma belle.