extrait musique brève note de lecture / excerpt music short book review
ce que j'appelle oubli
All Apologies, Sinéad O'Connor # Books Love & Music
lui qui allait croire que sa vie serait meilleure parce qu'il y avait quelqu'un qu'il voulait revoir, quelqu'un d'autre que des mains et un sexe dans la nuit et qui semblait le voir, lui, autrement qu'en objet prêt à combler quoi, quel vide ? tu le sais ? le manque d'amour ? c'est ça ? l'envie d'amour ? ou cette envie forte comme le besoin de boire et de fermer les yeux quand vraiment ça suffit, parfois, de continuer les poches vides et cousues comme il disait - ça au moins, maintenant les vigiles l'ont débarrassé de la peur du lendemain et de celle de manquer, et il ne connaîtra plus ni la soif ni ce besoin de chercher, dans la nuit, des filles qui traînent dans les bars où des mecs viennent caresser la solitude des femmes pour tromper la leur, solitude ou femme, ou, si ce n'est pas elles, les pédés dans les backrooms pour que quelque chose arrive des corps, et dire que les vigiles l'ont aussi débarrassé de ça, ce moment où quelqu'un voulait le revoir et que lui aussi voulait revoir, entre cette gare et la rue de Lyon, quelqu'un qui est venu et à dû l'attendre, peut-être pas des heures, mais sans doute au moins une, puisqu'ils avaient rendez-vous et qu'il n'est pas venu, et le lendemain non plus il n'est pas venu dans ce bar où ils s'étaient rencontrés et parlé, là où ils s'étaient plu tout de suite, ça aussi ton frère l'a cru, et c'était peut-être vrai, on a envie de le croire parce que sinon ce monde est impossible, vraiment impossible, ils n'ont pas eu le temps de faire l'amour et puis, voilà quand il allait sortir de l'oubli,
Ce que j'appelle oubli, Laurent Mauvignieraux Éditions de Minuit - Un homme vole une canette de bière dans un supermarché, quatre vigiles le chopent, l'amènent dans l'arrière boutique, et le tabassent à mort. Soixante-quatre pages une phrase. Intense à couper le souffle.
quand la police est venue te chercher pour que tu reconnaisses ce frère dormant non pas comme vous faisiez quand vous étiez enfants dans le même lit, sous l'oeil de la vierge phosphorescente et calme malgré ses pieds dans la neige, elle qui vous surveillait du haut de l'armoire, mais dormant dans un silence froid comme si c'était lui, ton frère, qui était dans la neige, avec un léger bruit de frigo, tout ça bien après que tu as entendu les policiers te raconter comment dans ses affaires la seule adresse de votre famille, c'était la tienne,