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Anna Valenn, Le Blog |
Il s'agit de ma mère. Elle s'en va. Elle part pour toujours. Elle fait sa valise qu'elle bourre très fort, qu'elle remplit de ses effets, de ses objets. Voyez ma mère ! Elle va à Calcutta pour y vivre. Elle se sépare de nous. Nous ne la verrons plus jamais si nous ne partons pas, nous aussi, à Calcutta. Elle fait d'abord un tas de toutes ses lingeries, ses dessous, ses soies et ses cotons, puis un tas avec ses robes, les robes d'été, les robes d'hiver, les jupes légères et les jupes de laine, puis un tas avec ses chemisiers, ceux du dimanche et ceux des autres jours, puis un tas de son imperméable blanc et léger, de son manteau de daim, de son manteau de laine, de ses blousons, de ses tailleurs, de ses mouchoirs et de ses foulards, puis un tas avec ses papiers précieux et ses cartouches de couleurs, ses tubes, ses flacons, un tas avec ses pulls (sauf son pull blanc que je porte), puis un tas de ses ceintures de tissu ou de cuir, de ses bas, de son châle, avec les pantalons qu'elle vient de se confectionner. Tout ça, cet amas de vêtements, de tissus, elle le fourre dans la grosse valise brune. Ma mère fait sa valise, prépare ses effets pour le prochain voyage.