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the family of the free / la famille nouvelle et libre

Пушка, Alyona Alyona

When I am dead, bury me

In my beloved Ukraine,

My tomb upon a grave mound high
Amid the spreading plain,
So that the fields, the boundless steppes,
The Dniepr’s plunging shore


Anna Valenn, Le Blog

My eyes could see, my ears could hear
The mighty river roar.



When from Ukraine the Dniepr bears
Into the deep blue sea
The blood of foes ... then will I leave
These hills and fertile fields —

I'll leave them all and fly away
To the abode of God,
And then I'll pray .... But till that day
I nothing know of God.

Oh bury me, then rise ye up
And break your heavy chains
And water with the tyrants' blood
The freedom you have gained.
And in the great new family,
The family of the free,
With softly spoken, kindly word

Remember also me.

Taras Shevchenko, My Testament, translated by John Weir. 

Quand je mourrai, enterrez-moi 

Dans une tombe au milieu de la steppe 

De ma chère Ukraine, 

De façon que je puisse voir l'étendue des champs, 
Le Dniepr et ses rochers, 
Que je puisse entendre 
Son mugissement puissant. 

Et quand il emportera de l'Ukraine 
Vers la mer bleue 
Le sang des ennemis, alors 
Je quitterai les prairies et les montagnes 
Et m'envolerai 
Vers Dieu lui-même 
Pour lui offrir mes prières 
Mais jusque-là 
Je ne connais pas de Dieu ! 

Enterrez-moi et debout ! 
Brisez vos fers, 
Et arrosez du sang impur des ennemis 
La liberté ! 
Puis, dans la grande famille, 
La famille nouvelle et libre, 
N'oubliez pas d'accorder à ma mémoire 
Une bonne parole ! 


Le Testament, Taras Chevetchenko, 1814-1861


la familia grande +1

Ma doudou, Julien Clerc
Parfois, mon frère reçoit un appel de ma mère. À Victor, elle dit que le beau-père ne nie pas. "Il regrette, tu sais. Il n'arrête pas de se torturer. Mais il a réfléchi, c'est évident, tu devais avoir déjà plus de 15 ans. Et puis, il n'y a pas eu sodomie. Des fellations, c'est quand même très différent."
 
À moi, elle dit des mots qui incriminent : "Comment avez-vous pu ainsi me tromper. Toi la première, Camille, ma fille qui aurait dû m'avertir. J'ai vu combien vous l'aimiez, mon mec. J'ai tout de suite su que vous essayeriez de me le voler. C'est moi, la victime."

Anna Valenn, Le Blog

 
Pour le reste, ele essaye de me faire taire. Elle me propose d'écrire un manuel pour la collection qu'elle dirige, m'envoie de quoi arrondir les fins de mois, me dit son amour et sa solitude, loin de ses enfants et petits-enfants. Pour le reste, quasiment plus un mot. 
   
Moi, pendant des années, j'essaye de lui plaire et de la retrouver.

Petit, mon frère m'avait prévenue : "Tu verras, ils me croiront mais ils s'en foutront complètement." Merde. Il avait raison.

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Un soir sur deux, la terrasse de la Grande Maison est débarrassée. Les enceintes sont sorties sous les étoiles. Le tourne-disque est allumé. C'est l'heure de danser. Un grand rock tous ensemble. En cercle, à genoux, we will rock you. On tape sur le sol, on crie comme des fous. "Hotel California", "Africa", "Couleur menthe à l'eau." Plus tard, Balavoine, "Mon fils, ma bataille". Et pour Luc, "Sympathy". Luc qui m'apprend le rock. Luc, le copain qui, selon mon beau-père, est amoureux de ma mère. Luc, le copain que mon beau-père nous fait appeler "Buc", pour dire "Luc bande". Luc, l'un des copains que j'aime tant mais que mon beau-père adore ridiculiser. 



La Familia grande, Camille Kouchner éditée au Seuil - Comprendre et ne pas juger... Camille Kouchner nous donne ici tous les éléments pour comprendre les protagonistes, leur psychologie, le contexte, une époque, un milieu, et juger le coupable, et pointer du doigt les complicités-complaisances, dénoncer un crime, l'inceste, éviter qu'il ne se reproduise,... et venger la victime. 

C'est une lecture passionnante, très bien écrite, et nécessaire. Mille bravos. Un magnifique travail d'avocate et d'adorable soeur jumelle.


Victor m'a demandé de venir le voir dans sa chambre. C'était après la première fois. Quelques semaines après, je crois. Il m'a dit : "Il m'a emmené en week-end. Tu te souviens ? Là, dans la chambre, il est venu dans mon lit et il m'a dit : "Je vais te montrer. Tu vas voir, tout le monde fait ça." Il m'a caressé et puis tu sais..."

Je connais mon frère, il est apeuré. Plus qu'emmerdé de me parler, il guette mon regard, essaye de savoir : "C'est mal, tu crois ?" Ben non, je ne crois pas. Puisque c'est lui, c'est forcément rien. Il nous apprend, c'est tout. On n'est pas des coincés !

Mon frère m'explique : "Il dit que maman est trop fatiguée, qu'on lui dira après. Ses parents se sont tués. Faut pas en rajouter." Là, je suis d'accord.

Il me dit aussi :"Respecte de secret. Je lui ai promis, alors tu promets. Si tu parles, je meurs. J'ai trop honte. Aide-moi à lui dire non, s'il te plaît."

Et parfois : "Je ne sais pas s'il faut se fâcher. Il est gentil avec moi, tu sais." 

Mon cerveau se ferme. Je ne comprends rien. C'est vrai qu'il est gentil, mon beau-père adoré.


Je les ai souvent vus faire. Je connais bien leur jeu. A Sanary, certains des parents et enfants s'embrassent sur la bouche. Mon beau-père chauffe les femmes de ses copains. Les copains draguent les nounous. Les jeunes sont offerts aux femmes plus âgées.

Je me souviens du clin d'oeil que mon beau-père m'a adressé lorsque, petite, j'ai découvert que sous la table il caressait la jambe de la femme de son copain, le communicant avec lequel nous étions en train de dîner. Je me souviens du sourire de cette femme  aussi. Je me souviens des explications de ma mère à qui je l'ai raconté : "Il n'y a rien de mal à ça, mon Camillou. Je suis au courant. La baise c'est notre liberté."

"le pauvre, tu es sûre ? il t'adore !" (le consentement) +1

Mon enfance, Barbara

Anna Valenn, Le Blog



Quand j'annonce à ma mère que j'ai quitté G., elle reste d'abord sans voix, puis me lance d'un air attristé : "Le pauvre, tu es sûre ? Il t'adore !"




Le Consentement, Vanessa Springora aux éditions Grasset, aussi en Livre de Poche La petite V. a quatorze ans lorsqu'elle devient la chose sexuelle de G.M., écrivain quinquagénaire qui raconte ses exploits pédophiles dans ses livres. 

Et cet ouvrage a pour but déclaré de prendre le prédateur à son propre piège, en l'enfermant dans un livre. 

Que dire d'intelligent qui n'ait déjà été dit ou écrit depuis sa sortie il y a un an ? 

Je vais aussi oublier mes cours de fac de droit, et laisser parler mon émotion. 

Ce qui me choque le plus, et la barre est ici placée bien haut, père absent et lamentable, milieu littéraire et intellectuel permissif et admiratif du pédophile (il sera couronné prix Renaudot en 2013), mais alors un cran au-dessus, il y a le comportement de la mère. Zut. Le job d'une mère est de protéger son enfant. C'est à une soirée où la mère a emmené sa gamine que le prédateur notoire repère sa proie. La gamine de quatorze ans découche, rate l'école, tombe gravement malade d'une maladie de vieux, et la mère fait quoi ? Elle organise à la maison des petits dîners à trois.


G. n'était pas un homme comme les autres. Il avait fait profession de n'avoir de relations sexuelles qu'avec des filles vierges ou des garçons à peines pubères pour en retracer le récit dans ses livres. Comme il était en train de le faire en s'emparant de ma jeunesse à des fins sexuelles et littéraires. Chaque jour, grâce à moi, il assouvissait une passion réprouvée par la loi, et cette victoire, il la brandirait bientôt triomphalement dans un nouveau roman.


"qu'elle bouffe du quinoa en vélo électrique, si ça lui chante !" (impact)

Respire, Mickey3D / Bigflo & Oli


Anna Valenn, Le Blog

Comme un parasite dans cette conversation intime avec Dieu, une scène de sa vie revenait sans cesse. Une réunion de travail, un matin, où une nouvelle recrue de la banque avait proposé en conférence de direction de couper de moitié leurs investissements dans les énergies fossiles pour se diriger vers une transition écologique nécessaire. Varan avait griffonné un Post-it qu'elle avait glissé à son voisin : "Si la nouvelle n'aime pas l'argent, qu'elle n'en dégoûte pas les autres." Le voisin avait alors répondu : "Qu'elle bouffe du quinoa en vélo électrique, si ça lui chante !" Et ils avaient ricané.


Impact, Olivier Norek aux éditions Michel Lafon Un topo assez exhaustif et (trop ?) didactique de la situation écologique calamiteuse, emballé dans une intrigue au suspense d'autant plus relatif qu'on n'accroche à aucun personnage (j'écris on, je pense je), un épilogue dans un futur proche peu convaincant, bref un roman un brin décevant. M'enfin, un roman grand public utile, et auquel on souhaite le plus grand impact possible. 

Et sinon, pour tous les autres romans de Olivier Norek, dont l'excellent Entre deux mondes, les billets c'est par ICI !

- Arrête, je n'en peux plus des chiffres. Tu parles comme ce Solal.

- Alors je vais faire plus simple. Pour moi qui habite dans une grande ville, la pollution aux particules fines m'enlèvera quatre ans de vie. Mais si elle augmente d'à peine quelques microgrammes, ce seront onze années qu'on me volera. Onze années. T'en dis quoi ? 

journal d'un effondrement

Anna Valenn, Le Blog



En arrivant, j'ai observé mon concierge sri-lankais. Il était au milieu du petit jardin devant l'immeuble dont il prend un soin méticuleux. Il a rendu leur vigueur aux gardénias, aux hibiscus, il a adroitement taillé les néfliers. Chaque fois qu'une plante se meurt sur notre terrasse, nous la lui donnons et, quelques jours après, nous la retrouvons resplendissante. Ce matin, il s'occupait des rosiers. Il m'a fait penser au professeur Tournesol et à ses roses blanches. Ou même, par son indifférence à la tourmente, alors que son salaire ne vaut plus rien et que les lendemains pourraient lui être encore plus difficiles, à ces poètes s'occupant de leurs roseraies tandis que les hordes mongoles s'apprêtent à déferler sur Ispahan et Tabriz. 




Beyrouth 2020 - Journal d'un effondrement, Charif Majdalani
 aux éditions Actes Sud - Lecture remise à plus tard.

a passion for getting things right (forensics : the anatomy of crime)

Zoom Zoom, Polo & Pan

Anna Valenn, Le Blog
At the beginning, Sue Black’s forensic work centred around identifying victims. A successful identification often helps to define a crime, and makes a criminal investigation possible. But the investigation of a crime is about much more than who’s been on the receiving end. At its heart it’s about who perpetrated the act. That’s been at the core of crime fiction since the origins of the genre in the nineteenth century. Good scientists, like good detectives, develop new techniques to overcome particular problems. If these techniques are successful they can be applied to other similar cases. For Sue Black the blazing of new trails has always been a driving force. Wherever she can, she is determined to extend the range and scope of forensic anthropology. In recent years she has spent less time working out the identities of victims than she has on nailing the victimisers. 

Nick Marsh, Head of Photography for the Metropolitan Police, worked alongside Sue in Kosovo, where they became friends as well as professional confidants. After he returned to the UK, he was confronted photographic unit. A 14-year-old girl had come to the police alleging that her father was abusing her at night. She had told her mother, who hadn’t believed her. The girl knew she needed evidence. Because she was tech-savvy, she knew that a webcam would switch to recording infrared light when it is dark. The girl set up her camera, pointed it towards her bed and clicked ‘record’. 

She brought the resulting video to the police. The seemingly intractable problem Nick Marsh faced was that he could see there had been abuse. But because the camera had a very narrow view, the face of the perpetrator remained out of shot. Without a face or other obvious identifying marks, the video wouldn’t be enough to convict the father. 

And so Nick turned to the one person he suspected might be able to help. When she viewed the video, Sue said, ‘It was one of the spookiest things that I’ve ever seen. I felt the hair go up on the back of my neck. At about 4.15 in the morning a pair of legs came into the shot of the camera and stood there. You can see where she is lying on the bed. She is wearing her pyjamas and it is her buttock region that we can see. And he just stands there – and I know it’s a ‘he’ because of the very, very hairy legs – and then very slowly extends his forearm, puts his hand underneath the covers.’

Like Nick, Sue’s first thought was that it would be impossible to identify the abuser. But she looked more closely at the footage and noticed that the infrared light had revealed the perpetrator’s deoxygenated blood, highlighting the superficial veins on his forearm. She already knew that superficial vein patterns differ widely. The further from the heart, the more clearly differentiated they are, so the veins on the hands and the forearms are the most individual ones that our bodies display. But to identify someone on the basis of these patterns would be a forensic first. At Sue’s suggestion, the father’s right arm was photographed. The veins matched perfectly with those of the man in the video. 

When the case went to court, the defence questioned the admissibility of Sue’s evidence. The judge agreed that vein pattern analysis had no track record whatsoever. The jury was cleared out so the defence and prosecution could present their arguments on whether the evidence should be allowed or not. The judge asked Sue what she planned to say. By now she had realised that she should have photographed both the father’s arms to demonstrate how forearm veins differ, even on the same individual. In a bid to make her point, she asked the judge to turn his own hands over and look at the differences in his own veins. The judge asked her if her evidence proved beyond doubt that the perpetrator was the father. ‘No,’ she said candidly. ‘I haven’t done enough research to be sure that the pattern wouldn’t match anybody 
else in the world.’ The defence were desperate to get the evidence thrown out. It came down to the judge. Ultimately, the judge deemed the evidence to be admissable based on Sue’s anatomical experience concerning human variation, but it certainly helped that the defence expert was an image analyst rather than an anatomist, and that he irritated the judge by not turning his mobile phone off.

Sue testifed. The defence made their case. The girl was cross-examined. The jury deliberated and came back with a verdict that Sue had not been expecting: not guilty. Worried that she had over-stepped the mark, Sue asked the prosecution barrister to check with the jury whether the science had seemed at fault to them. 

If it had, vein pattern analysis as a forensic technique would have to be modified or abandoned. The verdict from the jury was that it wasn’t the science that was the issue. That had made sense to them. They’d gone with ‘not guilty’ not because they didn’t 
believe the science but because they didn’t believe the girl – she hadn’t cried enough.




Forensics : The Anatomy of Crime by Val McDermid / Scènes de crime. 200 ans d'histoires et de sciences criminelles traduit de l'anglais (Écosse) par Omblage pour les éditions Les Arènes - Un traité de sciences d'investigation. Des topos clairs, illustrés par des tas d'histoires incroyables et vraies, et le tout écrit par une talentueuse auteure de polars. C'est passionnant. 
and a firm reminder that
 truth is stranger than fiction

Our fingerprints are part of us from before birth; they first appear in the tenth week of pregnancy, when the foetus measures only 8 cm. As one of the three layers of tissue that make up the foetus’s skin – the basal layer – starts to grow at faster rate than the other two, ridges form to relieve the resulting stresses, ‘like the buckling of land masses under compression’. If your finger pads were flat, the pressure on the skin would be equal and the ridges would be parallel. But because finger pads slope, ridges form along lines of equal stress, most usually in concentric circles. Ridge patterns also appear across the palms of our hands and on the bottoms of our feet. Other primates have them, too, and evolutionary biologists believe there are good reasons for them. They help our skin to stretch and deform, protecting it from damage; they create valleys down which sweat can escape, reducing slipperiness when we hold things; and they give us more contact (and hence grip) with rough surfaces like tree bark. When we touch a surface with a finger, the ridges leave their unique pattern on it. Even the prints of identical twins differ. In all the years that fingerprinting has been practised, no one has yet found two identical clear and complete prints belonging to two different fingers. 

attachante, cette petite. complètement barrée, mais... attachante (LA DIFFÉRENCE INVISIBLE)


Anna Valenn, Le Blog
Zoom Zoom, Polo & Pan
Par exemple : vous me regardez dans les yeux ! 

Les autistes ne regardent pas dans les yeux.

Pourquoi avez-vous besoin que l'on vous enferme comme cela dans une case ?

Je vous trouve très anxieuse.

D'où vient cette anxiété selon vous ?

Peut-être de votre vie intra-utérine ?

Votre mère a-t-elle eu une grossesse anxiogène ?

Bon. La séance est terminée.

90 euros.

On a bien avancé.

À la semaine prochaine. (Marguerite ... Oh non. Beurk le psy me touche.)




LA DIFFÉRENCE INVISIBLE, Texte Julie Dachez & Illustré par Mademoiselle Caroline publié aux éditions Delcourt dans la collection Mirages - Un topo complet sur le syndrome d'Asperger, très bien construit, et joliment illustré. Récit d'un vécu, celui de la scénariste Julie Dachez - Marguerite ici. C'est touchant attachant documenté concis et clair. Efficace ! 



[C'est à vous que je souhaite dédier cette BD.

Vous les déviants.

Les "trop comme ceci" ou les "pas assez comme cela".

Vous qui, par votre simple existence, transgressez les normes établies.

Vous qui êtes un pied de nez au diktat de "la normalité".

LE SYNDROME D'ASPERGER EST UNE FORME 
D'AUTISME CARACTERISÉE PAR DES DIFFICULTÉS 
DANS L'INTERACTION ET LA COMMUNICATION ET 
DES INTÉRÊTS SPÉCIFIQUES. 
LE SYNDROME D'ASPERGER RESTE TRÈS 
MÉCONNU EN FRANCE, TANT DES 
PROFESSIONNELS DE SANTÉ 
QUE DU GRAND PUBLIC.
Il n'y a rien à guérir chez vous, rien à changer. Votre rôle n'est pas de rentrer dans un moule, mais plutôt d'aider les autres - tous les autres - à sortir de celui dans lequel ils sont enfermés. Vous n'êtes pas là pour suivre une voie pré-établie mais, à l'inverse, pour emprunter votre propre chemin, et inviter ceux qui vous entourent à sortir des sentiers battus.

En embrassant votre identité profonde, en vous réconciliant avec votre singularité, vous devenez un exemple à suivre. Vous avez donc le pouvoir de faire voler en éclats ce carcan normatif qui nous étouffe tous et nous empêche de vivre ensemble dans le respect et la tolérance.

Votre différence ne fait pas partie du problème, mais de la solution.

C'est un remède à notre société, malade de la normalité. - Julie Dachez.]

seule la nuit tombe dans ses bras


Anna Valenn, Le Blog
Out of Time, Blur
Mais je ne peux pas garantir
qu'il sera publié. Mon éditeur
prend ce qu'il veut.

Ce sera un livre sur quoi ?

C'est fouuu !!!

Oui. C'est fou.

Ça fait un moment déjà que je t'en
avais parlé. Depuis le début même.

Oui, je me souviens.
Je n'avais pas du tout le projet
à ce moment-là.

Quand je disais que nos tchats
ressemblaient à des sketchs
à garder et publier.

En même temps, comme j'efface tout....

Ce livre-là, je le garderai toujours.
Ce sera un roman sur un couple virtuel ?

Oui, sur un couple virtuel.



Seule la nuit tombe dans ses bras, Philippe Annocque publié chez Quidam Éditeur - Herbert et Coline se sont rencontrés sur Facebook. Dans la vraie vie, Herbert est écrivain peu lu et professeur des écoles en banlieue parisienne, marié à Marie qu'il aime tendrement, et père de jumeaux. Coline est prof d'espagnol à Montpellier, un beau Jules pompier, une gamine Justine. Herbert et Coline tchattent, et de mots tantôt neutres tantôt doux tantôt crus en photos à poil et selfies-porno-vidéos un coup de fil par ci par là, ah l'effet de la voix, ils vivent une histoire des temps virtuels. Ultra-réaliste !




Coline et lui, pourtant, ils ne s'étaient pas
 pas. Parce qu'une rencontre sur Facebook,
 même si par la suite elle donne lieu à un 
vrai rendez-vous des corps dans un vrai
 décor, ça n'est quand même pas
 une rencontre. Ou alors peut-être que si ?
 Ils se promenaient sur Facebook Avenue
 et ils s'y sont rencontrés ? On peut 
raconter une chose pareille ? 
Retire ton haut et allonge-toi sur le lit. Non, sur le ventre. Je dégrafe ton soutien-gorge. Voilà, on l'enlève. Ecarte un peu les bras du corps. Je commence par la base de ton cou, au niveau des trapèzes. Pardon, mes mains sont un peu fraîches. Voilà, je te masse les trapèzes. C'est un peu fort mais doux en même temps. Tu sens mes mains. Tu sens qu'elles te veulent du bien, qu'elles te font du bien. Détends-toi. Tu es une pâte entre mes doigts. Mes mains s'écartent, elles enserrent maintenant l'arrondi de tes épaules. Mes paumes sur tes omoplates remontent jusqu'à ce que mes doigts enserrent tes épaules. Encore : mes paumes bien à plat contre tes omoplates qui remontent et s'écartent jusqu'à ce que mes doigts enserrent l'arrondi de tes épaules. Et encore, pour que tu le sentes, le bien que je te fais, mes paumes contre tes omoplates qui remontent et s'écartent jusqu'à ce que mes doigts enserrent l'arrondi de tes épaules. Tu sens comme ça te fait du bien ? Bien sûr le mal est là, encore, je ne peux pas vraiment te l'enlever ; mais il se tient à carreau, il ne fait plus son fier, il ronge son frein. Bien plus que lui, ce que tu sens, c'est tout le bien que je te fais, tout le bien que je te veux ; tu le sens dans la paume de mes mains qui remontent et s'écartent jusqu'à ce que mes doigts enserrent l'arrondi de tes épaules. Et maintenant me revoici à la base de ton cou, mais ce sont mes pouces que tu sens, qui massent en rond chacune de tes vertèbres, doucement, doucement ; si tu es habillée tu croirais presque que je te déboutonne ; je prends le temps qu'il faut, vertèbre par vertèbre, doucement, je ne suis encore qu'entre tes omoplates, je cherche la source du mal mais il est sournois, il est là et il n'est pas là, il me file entre les doigts, bien sûr tu le sens encore mais c'est autre chose que tu sens surtout, bien autre chose, une longue et forte et douce descente le long de ta colonne vertébrale, mes pantoufles de fourrure sur ton escalier de verre, tu es un palais où minuit ne sonne jamais, je descends encore, j'ai dépassé le milieu du dos, à mi-chemin de tes hanches rondes je trace avec mes pouces ma route chaude et douce, je descends encore, juste pour le plaisir, car le chemin m'amène à la raie de tes fesses, c'est là que je dépose juste un baiser discret, car enfin tu es assez détendue pour rattraper ta nuit perdue. Dors bien ma belle.

lettres à nour

Zoom Zoom, Polo & Pan

Anna Valenn, Le Blog
[Postface - extrait] En arabe, «Nour» désigne la lumière lunaire, celle qui, blanche au milieu de la nuit, permet de circuler dans l'obscurité et de trouver son chemin. Quand j'ai choisi ce prénom pour la jeune fille qui est au coeur de ce roman épistolaire, je n'imaginais pas alors à quel point il serait à la hauteur de sa signification. Car Lettre à Nour, au gré des lieux où il a voyagé, a beaucoup ému, questionné, bousculé, mis en colère parfois, des jeunes, des moins jeunes, des responsables politiques, des détenus, des étudiants, des artistes, des parents... Mais surtout, il a ouvert un espace de dialogue insoupçonné : un lieu pour parler, confier ses craintes et ses inquiétudes, proposer des solutions et des actions, se confronter et s'écouter. Et surtout, se retrouver. 


Lettres à Nour, Rachid Benzine aux Éditions du Seuil et en format poche Points - Roman épistolaire, échanges de lettres entre un père universitaire et Nour, sa fille unique de vingt ans partie (dont ne sait où) à Falloujah épouser le djihad. Un court texte courageux, argumenté, et honnête.

Ce texte a été lu sur scène par Eric Cantona.


[Avant-propos - extrait] Depuis des mois, je suis pris d'assaut par une question : «Pourquoi de jeunes hommes et de jeunes femmes, nés dans mon pays, issus de ma culture, dont les appartenances semblent recouvrir les miennes, décident-ils de partir dans un pays en guerre, et pour certains de tuer au nom d'un dieu qui est aussi le mien ?»


sauve qui peut la vie (avec toutes mes sympathies) +1

La chaleur, Bertrand Belin

Anna Valenn, Le Blog

À la surface de la Méditerranée scintillante, tes cendres ondulaient vers la plage et cela me plaisait que tu reposes sur ces cailloux de marbre. On pourrait venir te voir chaque été. Et puis, mue par un sentiment plus fort que tout, j'ai plongé et j'ai nagé dans tes cendres. Jamais je n'aurais imaginé une chose pareille et, si je le lisais dans un roman, j'en serais peut-être choquée. J'ai nagé dans tes cendres et j'en ai éprouvé un sentiment de proximité et de joie extraordinaire. J'avais enfin trouvé le moyen fou de te célébrer, à ta démesure. J'étais avec toi et je savais, par ce geste hors du commun, mais dénué de toute morbidité, je le jure sur la tête de mes fils, que je serais toujours avec toi. Et pas dans la tristesse. Tu as sauté dans le vide parce que tu pensais que c'était la meilleure chose pour toi. J'y croirai jusqu'à la fin de mes jours. Le néant ne t'a pas englouti. Je sais où tu es dorénavant : tu es en nous.



Avec toutes mes sympathies, Olivia de Lamberterie publié chez Stock. Prix Renaudot de l'Essai  Enfant choyé par ses parents, adoré de ses trois soeurs, une femme solide, et amoureuse, des enfants merveilleux, 
Un soir, au téléphone, Florence m'a annoncé
que les médecins avaient enfin identifié sa 
maladie. Dysthymie. Je me suis demandé quel
effet cela faisait à mon frère de mettre un 
mot sur ce plomb qui lestait sa vie depuis
tant d'années. J'ignorais s'il en était soulagé
ou angoissé. Il avait jeté son téléphone 
portable dans un terrain vague avant son 
suicide avorté du mois de juillet et l'on ne
 se parlait pas. Est-ce que c'était grave.
du talent, un travail passionnant, des amis, une vie à l'abri des soucis matériels, Alexandre, le frère d'Olivia de Lamberterie s'est suicidé à l'âge de quarante-six ans. Quatre cousins germains du père d'Olivia (son récit nous la rend proche, une copine) se sont suicidés. "Ça" se transmet ? Olivia est la maman de trois garçons.


Malgré le sujet terrifiant, un livre utile, et lumineux. 

Mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère mon frère.

Si, pour toi, c'est mieux, j'accepte de vivre décapitée.


aux esprits émancipés (NOIR - entre peinture et histoire)

Zoom Zoom, Polo & Pan

Anna Valenn, Le Blog
Considérée comme le chef-d'oeuvre de Marie-Guillemine Benoist, cette toile est présentée au Salon de 1800 avant d'être achetée par Louis XVIII pour le palais du Louvre. Ce tableau est une prouesse car elle le réalise à une époque où la représentation du teint de peau des Noirs n'était pas encore maîtrisée. On voit bien ici que l'artiste est capable de reproduire avec précision le dégradé de la pigmentation, notamment visible sur la poitrine. 


Benoist prend un triple risque en peignant une femme, à demi-nue et noire à une période où sont attendus des sujets plus classiques. En effet, faire poser une femme au sein apparent peut être interprété comme une audacieuse revendication féministe avant l'heure, en phase avec les valeurs d'égalité prônées par la société révolutionnaire. Le choix d'un modèle de couleur doit être mis en perpective avec le contexte. Lorsque la femme peintre réalise cette oeuvre, la France connaît une brève période d'abolition de l'esclavage, depuis 1794, qui n'est entrée toutefois que partiellement en vigueur à cause du climat d'instabilité politique qui régnait. Ce tableau reflète donc une avancée des droits de la femme et des Noirs. Cependant, cette phase de liberté s'achève rapidement. L'esclavage est rétabli en 1802 et le Code Civil de 1804 revient à une conception rétrograde du statut de la femme.

Le modèle posant sur cette toile est un individu libre, car l'esclavage est interdit sur le territoire métropolitain depuis 1315 et dans l'ensemble des territoires sous domination française depuis six ans. Cependant, sa condition de femme et de domestique l'empêche de vivre une réelle émancipation. Son fichu drapé sur la tête est un symbole faisant référence à son statut de domestique antillaise et l'anneau à son oreille une preuve de sa

servilité passée. Cette femme serait la servante du beau-frère de l'artiste, certainement ramenée des Antilles. Elle se tient assise au milieu des trois couleurs de la Révolution comme sur le portrait de Jean-Baptiste Belley peint par Anne-Louis Girodet trois ans plus tôt. Cependant, ce dernier est présenté dans une posture en accord avec son rôle de député et seule sa couleur pouvait alors choquer. Ici, le modèle féminin est mis en scène comme pourrait l'être une femme blanche. Marie-Guillemine Benoist ne réduit pas son modèle à sa condition raciale. Au contraire, ce portrait de trois-quarts nous rappelle ceux des femmes de haut rang que réalisait son maître David. Toutefois, Benoist se permet de dévoiler le sein de ce modèle car il ne s'agit que d'une servante dont la féminité est légèrement atténuée par la mise en valeur de sa musculature : son épaule large, son triceps saillant et son avant-bras épais pourraient être ceux d'un homme. Deux siècles plus tard, la silhouette de cette femme noire, mise en avant par une posture élégante, correspond davantage aux canons de la beauté contemporaine et 


NOIR - Entre peinture et histoire, Naïl Ver-Ndoye et Grégoire Fauconnier aux éditions omniscience  - 
Merveilleuse expo engagée
Livre d'art et riche d'Histoire, de magnifiques reproductions. Matière à émanciper les esprits, et séduire les sens. 

Lecture parfaite pour préparer ou compléter la visite de deux expos parisiennes, l'une merveilleusement engagée, l'autre sensuelle. 



Edouard Debat-Ponsan (1847-1913) - Le massage ou Scène de hammam. 1883. Huile sur toile. 

Dans ce tableau emblématique de l'orientalisme, le corps 
Un orient fantasmé
musclé et tendu de la servante en plein travail s'oppose au corps bien en chair et laiteux d'une femme blanche alanguie. La différence de couleur de peau n'empêche pas le peintre de créer, par le prolongement des mouvements respectifs de ses deux modèles, une forte tension érotique. Le peintre s'inspire certainement de son intimité puisque le modèle central de sa toile est sa femme. Cette oeuvre s'inspire aussi d'un voyage que le peintre a effectué en Turquie entre 1882 et 1883... avec son épouse.


ben vous savez, moi, aujourd'hui, j'ai attaqué des enfants qui se moquaient de julia (CE N'EST PAS TOI QUE J'ATTENDAIS)


Anna Valenn, Le Blog
Zoom Zoom, Polo & Pan
Pourquoi ils se moquent de Julia ? 

Ce jour-là était sans doute l'occasion d'en parler un peu plus en détail.

Je ne sais pas, peut-être parce que Julia n'est pas tout à fait comme eux.

Tu sais Loulou, Julia est née avec une maladie qui s'appelle la trisomie. 

Elle est malade ?

Disons que ce n'est pas vraiment une maladie, c'est juste qu'elle a un petit quelque chose en plus.

C'est ce petit quelque chose qui fait qu'elle apprend plus doucement que les autres enfants.

C'est pour ça que vous avez tellement pleuré quand elle est née ?

Et nous qui pensions que Louise était trop petite à l'époque pour comprendre...

Bonsoir.

Bonsoir.

Mais dis-donc, tu es enrhumée, toi !

Mais non, c'est pas ça !

Elle a attrapé la trisomie !



Ce n'est pas toi que j'attendais, Fabien Toulmé ; publié aux éditions Delcourt - Fabien Toulmé raconte comment la trisomie 21 de sa fille Julia n'a pas été détectée pendant la grossesse, le chemin du rejet à l'amour, les difficultés rencontrées, les joies. C'est sincère et émouvant.


Je n'arrivais pas à ressentir quelque chose pour elle...

Pourquoi ?

Est-ce qu'un jour je l'aimerai comme ma fille ?

Est-ce que j'arriverai à la voir autrement que comme une trisomique ?

Est-ce que je serai un bon père pour elle ?

En tout cas, j'essaierai, Julia. Je ferai mon possible.