En arrivant, j'ai observé mon concierge sri-lankais. Il était au milieu du petit jardin devant l'immeuble dont il prend un soin méticuleux. Il a rendu leur vigueur aux gardénias, aux hibiscus, il a adroitement taillé les néfliers. Chaque fois qu'une plante se meurt sur notre terrasse, nous la lui donnons et, quelques jours après, nous la retrouvons resplendissante. Ce matin, il s'occupait des rosiers. Il m'a fait penser au professeur Tournesol et à ses roses blanches. Ou même, par son indifférence à la tourmente, alors que son salaire ne vaut plus rien et que les lendemains pourraient lui être encore plus difficiles, à ces poètes s'occupant de leurs roseraies tandis que les hordes mongoles s'apprêtent à déferler sur Ispahan et Tabriz.
Beyrouth 2020 - Journal d'un effondrement, Charif Majdalani aux éditions Actes Sud - Lecture remise à plus tard.