"what's wrong with you?" (la succession)

La chaleur, Bertrand Belin

Anna Valenn, Le Blog

Jusqu'au 19 décembre 1987, aux alentours de 16h10, j'étais le fils unique d'Adrian, médecin généraliste, dont le cabinet était aussi, en partie la maison de mon enfance et de ma jeunesse. Depuis hier, je suis le dernier des Katrakilis, ce qui excepté pour moi, n'a pas grande signification. En quelques années, les uns après les autres, tous les membres de cette famille se sont supprimés. Et, tout à l'heure, en appelant le numéro donné par le consulat, j'ai appris que mon père s'était, à son tour, conformé à la règle. Le préposé ne m'a pas donné de détails sur la nature exacte de son geste, mais a sobrement observé qu'"aucun doute n'était permis sur ses intentions". Quatre sur quatre. Tous les Katrakilis et les Gallieni dont j'avais partagé l'existence, ceux-là mêmes qui m'engageaient tant à leur ressembler, s'était donné la mort. Le dernier juste après avoir franchi la barre des 77777 miles.



La succession, Jean-Paul Dubois aux Éditions de l'Olivier, et en Points - Paul Katrakilis, diplôme de médecine en poche, se fait embaucher comme joueur de pelote basque en Floride. Il y vit quatre années d'insouciance heureuse, jusqu'au jour où un employé du consulat l'avise du décès de son père. Paul a fait médecine comme son grand-père, et son père. Les deux se sont suicidés, la mère de Paul aussi, juste après le suicide de son frère, l'oncle de Paul, dont elle était plus que proche. Paul revient en France régler les questions de succession. Et... Ici on est chez les originaux, et la famille toxique. 


Ce qui n'allait pas chez moi durant ces années-là ? Je n'en avais sincèrement pas la moindre idée. Je prenais chaque jour comme un bonheur simplifié, une redevance de la chance. Je me faisais l'effet d'un joueur bienheureux qui gagnait un petit gros lot tous les matins, dès le réveil. En fait, j'ai encore une certaine gêne à l'énoncer de cette façon, mais rien, absolument rien n'allait de travers chez moi.