Anna Valenn, et c'est du cinéma |
Gisèle était sa compagne, la mère de Marianne, celle qui descendait la première, le matin, pour allumer le feu, qui gardait la maison propre et gaie et qui, lorsqu'il rentrait, ne lui posait pas de questions.
Ils vieilliraient ensemble, plus proches l'un de l'autre, parce qu'ils auraient plus de souvenirs communs, et il était arrivé à Tony d'imaginer les entretiens qu'ils auraient plus tard, quand ils commençaient à se sentir vieux.
- Tu te souviens de ta grande passion ?
La Chambre bleue, Georges Simenon dans TOUT SIMENON vol. 12 aux Presses de la Cité, et en Livre de Poche - Simenon sait écrire la passion, faire comprendre la complexité des sentiments et des situations, et rendre à merveille le procès criminel.
Adapté au grand écran par Mathieu Amalric.
La chambre était bleue, d'un bleu de lessive, avait-il pensé un jour, un bleu qui lui rappelait son enfance, les petits sachets d'étamine emplis de poudre bleue que sa mère diluait dans le baquet à lessive avant le dernier rinçage du linge, juste avant d'aller l'étendre sur l'herbe luisante du pré. Il devait avoir cinq ou six ans et il se demandait par quel miracle la couleur bleue pouvait rendre le linge blanc.
Plus tard, bien après la mort de sa mère dont le visage devenait flou dans sa mémoire, il s'était demandé aussi pourquoi des gens aussi pauvres qu'eux, vêtus d'habits rapiécés, attachaient tant d'importance à la blancheur du linge.
On était en août. Le 2 août. L'après-midi était avancé. A cinq heures, des nuages dorés, d'une légèreté de crème fouettée, commençaient à monter au-dessus de la gare dont la façade blanche restait dans l'ombre.
- Tu pourrais passer toute ta vie avec moi ?