elle m'a dit qu'elle allait rencontrer son amoureux de jeunesse. c'est chouette ! (zakuro - au coeur du yamato)

Keep On Loving You, Cigarettes After Sex

Anna Valenn, le Feuilleton
J'entre dans une rue commerçante. Des gens, des voitures et de bicyclettes passent sans arrêt. Les maison et les magasins ressemblent à ce qu'on trouve partout au Japon. Pourtant, j'éprouve le sentiment d'être perdu quelque part, comme dans un labyrinthe.


En marchant, je me souviens d'une conversation avec l'un de nos clients américains. Il m'avait dit, frustré : "Il n'y a pas de noms ni de numéros de rue. Comment fait-on pour se rendre à l'endroit qu'on cherche ? Je lui ai répondu : " Demandez -le au poste de police ou bien au facteur du quartier. Ils connaissent les noms des résidents par coeur..." Il n'était pas content : "Les villes japonaises sont de véritables labyrinthes !" Le mot "labyrinthe" évoque la vie de mon père  : en un sens, un endroit pareil est commode pour des gens qui veulent vivre dans l'anonymat.


Zakuro, Tome 2 de la pentalogie AU COEUR DU YAMATO publié chez Léméac/Actes Sud ; en format poche Babel. -   Les Aki Shimazaki, on en lit un, on les lit tous, on les lit, on les relit, on les prête, on les offre à ceux qu'on aime.

Aki Shimazaki a l'art de raconter des histoires, autour d'un secret. Elle écrit de manière minimaliste et troublante, une langue franco canado japonaise au charme fou. Elle fonctionne par série de cinq romans liés entre eux, chaque roman éclairant les quatre autres. Expose, en même temps, des points d'Histoire ou particularités de la société japonaise. 

Ici la déportation en Sibérie de japonais, soldats et civils, après la seconde guerre mondiale, et les disparitions. Une vieille femme, atteinte de la maladie d'Alzheimer, a l'intuition que son mari, elle l'attend depuis 25 ans, est en vie.



Satoshi me dit : 

- On parle beaucoup des victimes des bombes atomiques larguées sur Nagasaki et Hiroshima. Pourquoi ignore-t-on les victimes des travaux forcés en Sibérie ?

Il a raison. On dit que plus de 600 000 Japonais y ont été déportés, sans préavis. Pire encore, plus de 60 000 y sont morts... Et même maintenant, vingt-cinq ans après la fin de la guerre, personne ne connaît le nombre exact de victimes de cette déportation, mortes ou vivantes. En réalité, les chiffres réels doivent être beaucoup plus élevés que ceux qu'on donne officiellement. Honnêtement, je ne sais vraiment pas pourquoi ce sujet est traité aussi froidement. Je suis curieux de savoir ce que mon père en penserait.