Mardi 3 juillet 2000
Partons, partons pas ? X. appelle tout énervé alors qu’on est sur le départ : Frédéric doit être à 13h30 à un “pitch” hyper important (pour les non initiés, il s'agit de présenter à un client potentiel les références sur un sujet donné dans le but de décrocher un mandat. Qui dit mandat, dit bonus, d'où la diligence de Frédé). Le big boss propose que les enfants et moi précédions “l’incollable sur le sucre” par ferry et que celui-ci nous rattrape par avion. Frédé, modeste quand ça l’arrange, soutient que son apport ne sera pas déterminant. Il résiste donc mais passera des heures au téléphone à “briefer” ses adjoints pour ne pas donner l’impression d’avoir abandonné le navire. Je fais bonne figure, songeant à la cuisine campagnarde de mes rêves de la maison de Bretagne qui est peut-être en jeu. Pique-nique près d’Omaha Beach dans un coin bucolique, mare odorante et vue sur le clocher d’une charmante église normande. Embarquement à Cherbourg. La cabine, au dernier sous-sol, sans hublot, est mitoyenne des toilettes. Finalement, je suis moins claustro que je ne ne pensais, et les toilettes à côté s’avèrent pratiques avec Alexandre malade. Dîner au self. Dodo.
Mercredi 4 juillet 2000
Dans les nuit, la tempête. Le vent force 7 ralentit la progression du bateau et nous voilà avec 2h30 de retard. Pour tuer de temps, de palpitantes parties de Uno avec les enfants, Guillaume, 2 ans, faisant équipe avec moi. A 15h00, on regagne la voiture dans laquelle nous déjeunons des restes du pique-nique de la veille en attendant de sortir des cales. Une heure, enfin, après désinfection des pneus, fièvre aphteuse oblige. Nous voilà sur la terre des ancêtres de Frédé. Avec la tempête, on s’était fait à l’idée que le mauvais temps nous accueillerait. Pas du tout : il fait 20° et soleil. On roule vers la côte : r-à-s. Au bout d’un moment, le souci est de savoir où planter notre tente Go Sport. Et là, ça se gâte : tous les champs sont occupés par vaches et moutons. De tracteur, donc de fermier, point à l’horizon. Faute d’endroit où dormir, cherchons de quoi manger. La supérette dans laquelle nous entrons semble appartenir au tiers monde. Pas de fromage, ni de charcuterie. Pour fruits, des bananes, pour légumes, de méchantes tomates. Pour les gourmands de la famille, la déprime. Au bout de 2 heures de recherches, on finit par tomber sur un tracteur. Frédé demande au conducteur la permission d’occuper pour la nuit l’un de ses terrains. Il accepte et nous montre un champs avec une vue magnifique. Le hic, c’est les bouses fraîches. On se replie sur le bord de la route jouxtant le champ, même belle vue, sans les bouses, mais avec le vroum des voitures. Après le repas frugal, nous voilà dans nos sacs de couchage. Les odeurs de pied sont tout à fait supportables. Frédéric se met à lire, moi à écrire ces quelques lignes et les enfants à les commenter. PS (à ne pas faire lire à gueddo, grand-père en égyptien, ie mon papa adoré) : à chaque déception concernant un endroit potentiel où dormir, Frédé se met machinalement à rouler à droite. Appels de phare et gestes évocateurs le remettent sur la bonne voie.
Jeudi 5 juillet 2000
La nuit fut dure pour le dos. Les enfants, tout-terrain, dorment comme les pierres qu’ils ont sous le dos. Pour moi, une envie la nuit se révèle un véritable petit challenge : trouver la sortie dans le noir, ne pas écraser Antoine qui dort en paillasson, tâtonner pour ouvrir la fermeture éclair. Ouf, dehors la lueur du village à l’horizon. Réveil matinal à 5h00 pour Frédé et moi, réveil étalé de 6h à 6h30 pour les enfants. Moi, de mauvais poil, la bouche pâteuse, réclame d’urgence un café. Frédéric se déplie péniblement. Il ne dit rien, mais aux grimaces, c’est certain, il a mal partout. Il part courageusement à la recherche du camping gaz tout neuf à inaugurer. Mais déception, on a oublié allumettes et briquet. Donc ce sera céréales et lait froid. Le paysage idyllique ne parvient pas à dissiper totalement le désagrément de n’avoir pas d’eau pour se débarbouiller, cuillères introuvables. Guillaume refuse obstinément de "faire" dans la nature. Il lui faut une maison. On transige sur le pot. 8h00, départ pour la ville de Moby Dick, mignon petit port. Les cafés, la ville n’ouvrent pas avant 9h30. On fait un petit tour et puis s’en va. Direction Jameson Heritage Center, une distillerie du 18ème reconvertie récemment en musée. Les secrets de la fabrication du whisky nous sont révélés. On enchaîne sur Cork, 2ème ville après Dublin, 160 000 habitants. La ville est quelconque. Mais le déjeuner dans le coffee shop d’une galerie d’art valait le détour (ce sera notre meilleur repas du séjour). La bonne humeur est retrouvée. En route pour un château fort. Les enfants dorment. Il fait chaud. Nous renonçons à notre projet. Direction Kinsale, la ville où nous prévoyons de dormir. L’épopée commence. Pas de panneaux ou alors fantaisistes, un labyrinthe fait pour éprouver les nerfs de Harry Potter. Après avoir tourné en rond pendant une heure, Frédé se décide à demander le chemin à la première “locale” que nous croisons. Nous voilà sauvés. A Kinsale, sur mon insistance, direction B&B chaudement recommandé par le Routard. Les dieux me soutiennent dans la quête d’une douche : la plus belle chambre est libre avec vue panoramique, de gauche à droite : jardin-océan-campagne. Je vais jusqu’à négocier une réduction de 8£ pour emporter l’adhésion sans réserve de Frédé. C’est gagné, on sera propres ! Kinsale est un petit port a-do-rable. Balade, pique-nique, fête foraine. Fait notable, Alexandre et moi infligeons à Frédé et Antoine une humiliante défaite au babyfoot tandis que Guillaume est confié aux soins d’un bateau-manège dont il est prisonnier. On s’endort comme des masses. Les enfants feront le tour du cadran.
Vendredi 6 juillet 2000
Excellent Irish breakfast (fruits, céréales, toasts-confiture maison, saucisse-bacon-oeuf pour les enfants, saumon sur mousse d’oeufs aux herbes pour Frédé et moi). Discussion avec des américains ouverts : une géologue spécialiste de l’Asie centrale, démocrate-anti-Bush et son père-vieux républicain. Tout y passe, talibans et gazoduc, peine de mort, réchauffement climatique. Je demande à Myrtle, notre hôtesse, sa recette du Irish brown bread. Son mari nous apprend que ses ancêtres étaient français. Le Vis s’est transformé en Lewis. Le Vis- Lévy ? Je me promets de me pencher sur la question de l’exil, au 17ème siècle, des juifs de France. Rassasiés, nous partons à la découverte du sud. On commence fort, par les ruines d’une abbaye franciscaine du 15ème et son cimetière envahi d’herbes folles, sur une colline sauvage bordant l’océan. Antoine boude pour une raison par nous inconnue et tire sur son T-shirt tout neuf acheté en soldes chez Petit Bateau, sensé être le “bel habit de l’été”. L’enchantement continue, la cote découpée, les petits ports colorés et fleuris. Mes hommes se baignent dans un “lough” limpide. En ce qui me concerne, un bain de mer sans la perspective de pouvoir me rincer dans un proche avenir, dépasse mes limites déjà atteintes par la température de l’eau. La balade sur la colline ombragée jusqu’à l’océan est délicieuse, les enfants marchent, la carotte ce coup-ci est un gâteau supplémentaire à qui arrive le premier à la destination prévue pour le goûter. Sans surprise, le gagnant est Alexandre ! Halte dans un Spar. Nous savons maintenant que c’est la principale chaîne de supérettes en Irlande pour laquelle Frédé à un mandat. Nous n’ignorons plus rien sur l’état de la concurrence (Centra, Super Valu…). Nous constatons qu’il y a des grands Spar, des moyens Spar, et des petits Spar. Pour seuls légumes, dans les grands Spar, il y a tomates et concombres. Dans les moyens, il y a tomates. Dans les petits, rien d’autre que des patates rabougries. Pour le reste, aucune influence sur notre régime alimentaire : céréales-lait, le matin, jambon-fromage-pain prédécoupées (le laguiole est beau mais ne coupe pas terrible), yaourt pour moi et Lactimel, jours de fête, pour les autres (20 francs les 4). Provisions faites, c’est la recherche du coin idoine où planter la tente. Les rues sont désertes. L’intuition d’Alexandre frappe, il conseille d’aller interroger le conducteur d’une voiture que nous croisons. Celui-ci nous indique une maison désertée. Le tour est joué. La vue est splendide, côte sauvage, château rose au soleil couchant. L’allée dans laquelle nous nous installons est abritée et nous avons désormais des allumettes. J’ai droit à une soupe en conserve réchauffée et commence à trouver le camping amusant. La distribution des duvets vaut discussion pour savoir qui aura le duvet de papy, il est vrai peu avenant. Antoine, grand seigneur, fait le sacrifice. (par la suite, et après enquête, il s’avèrera que c’était en fait, le premier duvet de mamie)
Samedi 7 juillet 2000
Je me lève à 4h00. Ciel dégagé, pleine lune d’un coté, soleil qui commence à réchauffer l’horizon de l’autre. Réveil général à 6h30. Café, chocolat chaud, et vive le bleuet ! A 9h00, en voiture Arthur, Frédé consciencieusement consulte la messagerie de son portable. La veille, il a reçu 14 messages, chiffre dont l’évocation le remplit d’importance et me gonfle par ricochet. Déception donc à l’écoute du seul message, celui de Nicolas, son frère, qui entre 2 avions, demande de nos nouvelles. Je console mon mari, c’est samedi, sûr lundi, il y en aura plein de nouveaux messages. Direction Mitzen Island. Les beaux paysages, les ports colorés, se succèdent. Nous sommes blasés, il nous faut plus ! Le National Park nous l’offre, un enchaînement de merveilles. La seule fausse note et à nouveau culinaire, nous déjeunons dans un pub pour touristes. Je suis fâchée avec cette nourriture estouffe (pas terrible pour ma ligne déjà courbe) et qui sent la cantine de Jesus & Mary, mon école de quand j'étais petite au Liban. Frédé argumente, ce qui compte c’est le cadre et c’est parti pour 5 mn d’échanges, hmmm... vifs. La visite de notre deuxième abbaye en ruine nous réconcilie. Guillaume nous ordonne de visiter une seconde fois ce “château nendroit” (par la suite nous comprendrons sa classification : le “château nendroit” indique des ruines, et s’oppose au “château tout construit”). Sortis de l’abbaye, il prend à Frédé de compter ses fils. Il en manque un. Antoine n’a pas suivi ! Ross Castle amuse moins les petits. Guillaume et Antoine font les fous. Guide et compagnons de visite demeurent stoïques (dans des conditions comparables, en France, un visiteur grincheux avait demandé où se trouvait les oubliettes pour enfants, je ne vous dis pas mon regard qu'il s'était pris). En voiture, Frédé passe la cassette de Harry Potter. Je m’endors. Re-courses pour le repas du soir. Frédé se lâche, il y aura Kit et Kat pour le dessert et micro-Mars pour sous la tente (comme dans Liberté-Oléron). Il propose même du Nutella pour le petit déjeuner ! Nous pique-niquons au Connor Pass, le point culminant de l’Irlande. Il fait froid et venteux, mais le paysage est féerique. Montagnes pelées. Puis en route pour Dingle. Selon une méthode désormais éprouvée, j’entre dans une ferme, raconte que la grand-mère de Frédé était irlandaise, et nous voilà installés confortablement dans un champs d’herbes douces, entourés de collines cultivées, sans crainte d’être réveillés par moutons, vaches ou taureaux. Chacun remplit efficacement son rôle, Frédé et fils aînés montent la tente tandis que Guillaume et moi apportons tapis de sols, sacs de couchage, pyjamas, plaids. Nous voilà des pros du camping. Un dressing est improvisé dans un coin, nous nous alignons pour dormir, tête vers l’ouverture. Ca sent l’organisation ayant atteint la partie asymptotique de la courbe d’expérience supposée être logarithmique. Tous dorment déjà hormis Guillaume qui me tient compagnie tandis que j’achève cette page.
Dimanche, 8 juillet 2000
Je me réveille avec une gratouille terrible. Des bestioles non identifiées se sont régalées sur moi. Les autres sont indemnes. Petit déjeuner, rangement, départ. Il fait gris, la pluie menace. Dingle est pleine de touristes. On passe à l’office de tourisme. Aucune info pertinente mais achat de souvenirs. Antoine pleure, il voulait une petite maison-boîte à musique ? Et Frédé lui a choisi une règle pour l’école. Guillaume est très énervé. Visiblement il manque de sommeil. La balade à pied sur la presqu’île, 3 étoiles au guide vert, est compromise. Direction donc Gallarus, une petite chapelle du 6 ou 7ème, bateau renversé en pierre sèche. Je suis émue par ce que dégage ce petit abri aux formes pures, dressé entre mer et colline. Je m’assieds sur le muret qui l’entoure, rêveuse. Frédé me presse, on a un planning à tenir. Il cueille une fleur, je ne suis pas contente. Il me répond “qui tu es pour me dire ce qui est bien ou pas…”. La formule fera mouche auprès des enfants qui me la serviront à chaque occasion. On quitte ce havre de paix pour Tralee une petite ville quelconque. Les pubs sympas ne servent pas à déjeuner le dimanche. On se rabat sur une pizzeria. On se nourrit. Après la visite de Crag Cave, stalactites et stalagmites n’ont plus de secrets pour ceux qui parlent anglais, ma traduction étant partielle. En voiture, le récit de Harry nous berce. Frédé et moi profitons de la sieste des enfants pour visiter une abbaye dominicaine. Les irlandais sont décidément vraiment accueillants. Même fermé, le site est ouvert, la grille close permet le passage ! A 17h30, on est en avance sur le programme. Que faire ? A un rythme de touristes japonais, on a déjà vu tous les 2 et 3 étoiles Michelin du coin. On se dirige donc vers Cashel destination que nous avions prévue d’atteindre le lendemain. Je sélectionne, après moult comparaisons et mure réflexion, un B&B idéal, une belle demeure à laquelle on accède par une allée digne de figurer dans les rêves de Nicolas. Le problème est que notre Routard est périmé, la patronne s’excuse, elle a pris sa retraite. Je m’adapte, sans avoir besoin d’évoquer de quelconques racines irlandaises, j’obtiens de planter la tente dans le parc (version un peu arrangée à ma gloire). Frédé est fier de moi, tout est donc pour le mieux. Dès que je sors de la voiture, l’euphorie tombe. Je constate que le sol est jonché de crottes de toutes tailles et consistances. Songeant à ce que c’est ma dernière nuit à la spartiate, je me surpasse, je me munis d’un sac plastique et d’une lingette désinfectante et me mets à assainir l’emplacement prévu pour la tente ainsi que ses alentours. Je remplis ainsi un bon gros sac que je vais verser plus loin. Frédé, impressionné, fera la vaisselle avec Antoine qui cherche à faire oublier l’épisode du jus d’orange renversé sur le plaid qui lui a valu une baffe de son père et quelques minutes au piquet, dans la voiture. Promenade digestive pour Frédé et moi, accompagnés par le chien de la maison, tandis que les enfants jouent tranquillement sous la tente. De retour, j’écris éclairée par la lampe torche que tient Guillaume. Les autres jouent aux cartes. Re-discussion pour qui prend le duvet de papy. Je suis intraitable, je veux bien ramasser des crottes, manger des sandwichs sécos… mais je tiens à dormir dans un duvet douillet. Frédé s’y colle. A 22h30, rideau.
Lundi 9 juillet 2000
Notre quota de nuits sous la tente étant atteint, l’objectif est de trouver un B&B dès que possible. Le premier sera le bon, trèfle affiché, vue sur le château qui surplombe Cashel et la ruine de l’abbaye en contrebas. Visite du site suivi d’un déjeuner dans un coffee shop. Bonne pioche. Toutefois, Antoine chouine car j’ai opté pour un délicieux gâteau au chocolat, au lieu de la meringue à la crème dont la couleur et la consistance ne m’inspirait pas, Alexandre, lui, grogne parce que Frédé a choisi pour tous du jus de pomme pressé. Guillaume est content. La découverte du château fort dans lequel Excalibur, Barry Lindon, la fille de Rayan ont été tournés remet tous de bonne humeur. Les enfants s’en donnent à coeur joie. Je tremble, aucun garde corps, la paralysie, voire la mort, guettent. Guillaume déclare que ce “château construit” est trop bien. La belle maquette illustrant une bataille anglo irlandaise l’a visiblement impressionné, il veut rentrer immédiatement à la maison de Rueil pour jouer avec ses petits soldats. Le programme de visites s’achève par une dernière abbaye, laquelle emballe moins les garçons. Bagarre autour du muffin rescapé du déjeuner qui me laisse indifférente. Je songe à la douche tiède qui m’attend. Aussitôt au bercail, me prévalant de mon état de “poly-piquée”, j’exige de passer à la douche la première. Mais déconvenue, la douchette ne produit qu’un filet d’eau qui ne parvient pas à mouiller mes cheveux. Je me rabats sur le bain et là, re-déception, il n’y a rapidement plus d’eau chaude. Je me rince rapidement et cède la place aux enfants dont les cheveux attendront des jours meilleurs pour être propres. On trouve un pub à la devanture assez moche mais qui est le seul à servir à manger, à une clientèle étrangère, comme nous. On entre résignés. Mais re-surprise culinaire (il faut dire que ma grille d’évaluation a été révisée). Surtout la soirée musicale est très chaleureuse. Nos voisins de table sont d’un coté des “bobos” parisiens, et de l’autre un couple de retraités, venus célébrer la victoire de leur club de foot. Guillaume et Antoine s’endorment en musique. Moi, je me sens un peu irlandaise ce soir là.
Mardi 10 juillet 2000
Le “palm pilot” qui fait partie du “survival kit” de Frédé, sonne à 7h00. Petit déjeuner quelconque et départ sous des trombes d’eau. On inaugure nos K-ways Décathlon. Le climat irlandais, qui décidément nous veut du bien, vire au beau dès que nous atteignons les villes que nous parcourons au pas de charge. A Kilkenny, on renonce à la visite du château et privilégions les achats dans le centre artisanal. Frédé se choisit un pull pour son anniversaire. C’est le jour. Nous achetons des fraises sur le bord de la route, elles sont délicieuses. A force de se dépêcher, ce qui devait arriver arriva : nous sommes en avance d’une heure à Roslare. Frédé appelle le bureau. Je m’occupe du sac pour la nuit. Harry aide à faire patienter. Aussitôt les amarres larguées, le bateau tangue et Alexandre est malade. Bientôt ce sera le tour de Guilllaume qui dans la cabine rend son quatre heures sur moi. Frédé est couché tout pâle. Antoine exulte, il n’a ni boutons, ni mal de mer. Le vent souffle force 9. Je ne suis pas la seule à aller demander à ce qu’on change les draps. Les divers salons sont déserts. Les poubelles sont renversées. Le magasin offre une spectacle de désolation, bouteilles explosées, boîtes de cigarettes jonchent le sol. La nuit, le vent atteindra force 10. Notre cabine, pourtant au dernier sous-sol, bouge tant que j’ai peur qu’Antoine qui dort sur le lit supérieur tombe.
Mercredi 11 juillet 2000
Frédé se réveille en déclarant que la prochaine fois ce sera avion et voiture de location. Je demande, ingénue, comment on fera pour transporter la tente. L’arrivée est prévue à 16h30, heure irlandaise, au lieu de 10-11h. Mais ça ne tangue plus. On se hasarde à petit déjeuner. De multiples amusements sont prévus pour faire oublier les désagréments de la veille, dessins animés, musique irlandaise, tours de magie. Déjeuner au Renoir restaurant, les enfants ont droit aux pires “nuggets” de leur existence. Les appels répétés au propriétaire d’une Toyota Picnic nous mettent la puce à l’oreille. Frédé va aux infos. Renseignements pris, la Toyota est bonne pour la casse. Les motos aussi ont souffert. Notre Xantia Break, elle, est intacte. Premiers entrés, premiers sortis des cales. Nous sommes à 21h00 à la maison. Je me précipite sur le congélateur. Rarement haricots verts n’auront eu meilleur goût. Je note le voyage. 10/10 pour l’organisation de Frédé, 8/10 pour le tout, boutons et traversée inclus. Alexandre donne un 8,5 et Antoine un 9. Dès le lendemain, je m’empresse de préparer le “brown soda bread” version Myrtle avec les ingrédients achetés à Cashel. Depuis j’en fais, et tanne Frédé pour qu'il me rapporte stocks de bran & wheat germ.