"le pauvre, tu es sûre ? il t'adore !" (le consentement) +1

Mon enfance, Barbara

Anna Valenn, Le Blog



Quand j'annonce à ma mère que j'ai quitté G., elle reste d'abord sans voix, puis me lance d'un air attristé : "Le pauvre, tu es sûre ? Il t'adore !"




Le Consentement, Vanessa Springora aux éditions Grasset, aussi en Livre de Poche La petite V. a quatorze ans lorsqu'elle devient la chose sexuelle de G.M., écrivain quinquagénaire qui raconte ses exploits pédophiles dans ses livres. 

Et cet ouvrage a pour but déclaré de prendre le prédateur à son propre piège, en l'enfermant dans un livre. 

Que dire d'intelligent qui n'ait déjà été dit ou écrit depuis sa sortie il y a un an ? 

Je vais aussi oublier mes cours de fac de droit, et laisser parler mon émotion. 

Ce qui me choque le plus, et la barre est ici placée bien haut, père absent et lamentable, milieu littéraire et intellectuel permissif et admiratif du pédophile (il sera couronné prix Renaudot en 2013), mais alors un cran au-dessus, il y a le comportement de la mère. Zut. Le job d'une mère est de protéger son enfant. C'est à une soirée où la mère a emmené sa gamine que le prédateur notoire repère sa proie. La gamine de quatorze ans découche, rate l'école, tombe gravement malade d'une maladie de vieux, et la mère fait quoi ? Elle organise à la maison des petits dîners à trois.


G. n'était pas un homme comme les autres. Il avait fait profession de n'avoir de relations sexuelles qu'avec des filles vierges ou des garçons à peines pubères pour en retracer le récit dans ses livres. Comme il était en train de le faire en s'emparant de ma jeunesse à des fins sexuelles et littéraires. Chaque jour, grâce à moi, il assouvissait une passion réprouvée par la loi, et cette victoire, il la brandirait bientôt triomphalement dans un nouveau roman.